LES CHIFFRES LES FAITS, L'HUMAIN...

Je me fous de savoir ce qu’est la normalité. Je ne me pose pas la question de savoir si je dois en faire partie ou non. Cette question c’est le piège de l’appartenance, et le manque de discernement assuré, mais surtout un positionnement sur quoi ?

La réalité comme la normalité sont des outils de duperie. Il n’y a pas une réalité que tous les nombres de la terre pourraient mesurer, et que détiendraient les gens éclairés, les politiques. Les nombres sont impropres à dévoiler de quoi est fait l’être humain, cet univers dans l’univers infini..

Pour mieux gérer les gens et les choses, on caricature, on nous fait rentrer dans des cases sans hésiter à nous déshumaniser. La gestion à grande échelle est une fumisterie et la perspective d’un échec social, sociétal. Il en va de même pour tout ce qui tente de pénétrer l’homme, pour le cartographier. L’individu est insondable. Point.

Je ne suis même pas d’accord pour dire que pour voir si quelqu’un « vaut le coup », il faut regarder ce qu’il fait plutôt que ce qu’il dit. Plus juste serait d’étudier ce rapport entre les dires et les faits.

Toute tentative d’approche est vouée à ne rien dire.

L’individu est insondable. Alors les peuples... même à la louche… Tant que nous serons dans le global, nous serons dans la caricature et dans le ridicule en même temps que dans l’assassinat.

La compréhension de ce qui nous entoure passe par la synthèse et débouche trop souvent sur la caricature. Nous sommes soumis à l’action et au temps. Nous devons saisir dans une idée les contours d’une personne. Nous voudrions croire que cette idée que nous nous faisons de cette personne est la personne elle-même. C’est en effet bien pratique, mais foncièrement approximatif.

Cela tient au fait qu’il faudrait distinguer ce qui relève du besoin de l’action et ce qui relève de l’analyse. L’individu peut-être cerné dans les grandes lignes pour des raisons pratiques, mais penser qu’on a fait le tour d’une personne en 80 jours c’est à la fois réducteur et prétentieux. Dans l’action, on sollicite le jugement à l’emporte-pièce. Mais il ne faut pas le prendre pour argent comptant.

Notre rythme de vie, notre tempo accéléré vers nulle part, nous leurre. On ne peut plus vivre sans penser, sans s’arrêter, sans laisser couler le temps dans sa tête dont c’est purement et simplement l’oxygène. Nous sommes au-delà du presto et de la pulsation à 240, collectivement. Je sais j’ai mesuré… Il faut ralentir notre rythme de production tout dévoué, notre temps, à la production, et réfléchir. Le monde a moins besoin de smartphones que de réfléxions.

Je suis souple avec les gens parce que je ne suis pas un homme d’action. Je laisse respirer les gens pour mieux les saisir dans leur élan naturel, et ne referme pas le couvercle du jugement. Lorsqu’on étudie le gorille on se tient à distance raisonnable, on ne vient pas piétiner son territoire dans le seul but de dire qu’on existe. On se fout d’exister à ce moment là. On est essentiellement vigilance et écoute.

Je désespère pour ma part qu’on ne m’écoute pas plus attentivement, non pas pour mon petit ego, mais à cause de la caricature. On me violente sans cesse à vouloir me faire entrer dans des idées, des cases.

Je désespère qu’on ait plus le temps de vraiment se rencontrer. On se croise. Nous n’avons plus le temps d’être humain, ni dans les domaines professionnels liés à l’homme comme par exemple la psychologie, ni dans les domaines privés où chacun devient la marchandise de l’autre.

Ce monde va flamber et ce ne seront pas par manque de politique mais par manque d’humanité.